Les troubles digestifs de l’enfant, quand s’inquiéter ?

A la naissance et durant les premiers mois de vie, le système digestif du bébé n’est donc pas totalement mature et fonctionnel. Celui-ci doit s’habituer progressivement à la consommation et à l’assimilation de nourriture.

De nombreux troubles peuvent alors venir perturber son confort digestif durant ces premiers mois d’adaptation. Nous parlerons ici de constipation, diarrhée, ballonnements et régurgitations.

S’ils sont la plupart du temps bénins, ces troubles n’en demeurent pas moins inconfortables ou perturbants pour votre bébé et inquiétants pour vous, parents. Il semble alors important de savoir comment les surveiller pour être en mesure de répondre de manière adaptée en fonction des besoins.

Vous l’aurez compris, le transit du bébé et ses selles sont bien souvent surveillés avec attention par son entourage (parents ou professionnels de santé).

Les intestins du bébé sont restés « fermés » durant toute la grossesse. A la naissance, votre bébé va éliminer le méconium, une substance visqueuse et de couleur brunâtre ou verdâtre, correspondant notamment au liquide amniotique accumulé dans ses intestins ainsi que divers autres petits déchets. Cette phase va durer quelques jours. Après quoi arriveront les selles de lait.

Le transit de bébé se met alors progressivement en route mais on estime qu’il faudra plusieurs mois pour que celui-ci soit pleinement mature. Et cela ne se fera pas sans encombre. La plupart des troubles digestifs vécus par les nourrissons sont provoqués par cette immaturité.

Il faut savoir que les troubles du transit peuvent toucher tous les bébés, qu’ils soient nourris au sein ou au biberon. Mais certaines nuances seront parfois à apporter pour faire la part des choses.

La constipation

Elle consiste en une diminution de la fréquence des selles, associée à une émission difficile de celles-ci.

Les nourrissons ont en général plusieurs selles par jour tant qu’ils sont exclusivement nourris au lait. Sachez toutefois qu’après 5 à 6 semaines de vie, un enfant allaité peut avoir des selles beaucoup plus espacées (1 selle tous les 3 ou 4 jours par exemple, voire moins) sans que cela ne témoigne d’un trouble particulier. En effet la majeure partie des nutriments contenus dans le lait maternel sont absorbés par les intestins, ne laissant alors que très peu de déchets à éliminer, et donc de selles.

La constipation est très fréquente chez les bébés. Elle n’en demeure pas moins une source d’inquiétude pour les parents.

Dans ce cas, il est important d’évaluer l’état général de votre bébé. S’il reste souriant, sans retentissement sur son état général, avec un abdomen souple, il n’y a alors pas lieu de s’inquiéter.

En revanche si vous percevez un changement dans le comportement de votre bébé, s’il vous semble particulièrement douloureux, si son ventre devient tendu et ferme, s’il rencontre des difficultés alimentaires, il sera alors nécessaire de consulter un médecin. La constipation peut en outre entrainer des petites lésions anales (vous pourrez alors parfois constater des petites traces de sang dans la couche) qui seront à soigner.

Le diagnostic réel de constipation (organique ou fonctionnelle) est un diagnostic médical qui n’est pas à poser à la légère. Votre médecin pourra alors vous conseiller certaines modifications dans l’alimentation de votre bébé. Les bébés nourris au biberon pourront parfois être amenés à changer de lait. Enfin un traitement médical pourra également être prescrit.

La diarrhée

Elle correspond à l’émission de selles plus liquides, plus fréquentes et plus abondantes qu’habituellement.

Pour bien réagir face à une telle situation, il faudra différencier :

• La vraie diarrhée, provoquée par une infection intestinale, virale ou bactérienne.
• La fausse diarrhée, en lien avec une poussée dentaire, une otite, une modification passagère de l’alimentation du bébé. Dans ce cas, la fréquence des selles ne sera pas particulièrement impactée et la diarrhée ne durera en général pas plus de 24h.

Les diarrhées peuvent entrainer une déshydratation et une perte de poids chez le bébé. Il sera important de consulter si la fréquence des selles est élevée, si les symptômes persistent ou si votre enfant semble mal tolérer la situation.

Et quoi qu’il en soit, toujours consulter si votre enfant a moins de 3 mois

Les ballonnements

Ils consistent en une accumulation de gaz dans l’estomac et les anses intestinales. Mais comment expliquer la présence de ces gaz ?

Lors de la digestion, les bactéries intestinales produisent des gaz (méthane, dioxyde de carbone, hydrogène, azote et oxygène notamment) qui ne sont pas gênants tant qu’ils restent en petite quantité. Mais, comme nous l’avons expliqué en début d’article, le système digestif du bébé n’est pas encore mature et doit constamment s’adapter à toutes ces nouveautés en lien avec son alimentation. Les bactéries intestinales sont alors parfois un peu dépassées et se mettent à produire plus de gaz qu’elles ne devraient. Le ventre de bébé se retrouve donc gonflé et douloureux.

Ces ballonnements sont très fréquents durant les 6 premiers mois de bébé.

La présence d’air en excès dans l’estomac peut également venir du fait que le bébé avale trop d’air au moment du biberon ou de la tétée. Dans ce cas le rot sera bien souvent le bienvenu.

Les ballonnements sont en général inconfortables pour le bébé qui pleure beaucoup mais ils ne sont pas inquiétants. En revanche s’ils sont associés à une faible prise de poids, une constipation ou au contraire une diarrhée, il faudra consulter.

Comment différencier ballonnements et coliques ?

Si vous avez compris l’explication physiologique des ballonnements, en lien avec la digestion, vous comprendrez que ceux-ci peuvent survenir à n’importe quel moment de la journée et surtout après le biberon et la tétée.

Les coliques, quant à elles, correspondent à un comportement particulier de l’enfant qui présente de longues périodes de pleurs (généralement en fin de journée) difficiles à apaiser et sans cause évidente.

Les régurgitations

Elles sont extrêmement fréquentes chez le nourrisson.

Cela s’explique par une spécificité anatomique des bébés : le clapet (un petit muscle) situé entre l’œsophage et l’estomac est encore immature, et ne joue alors pas parfaitement son rôle anti-reflux. Le lait peut donc remonter aisément, dès que l’estomac est plein.

Cette immaturité persiste en générale durant toute la première année de vie. Les régurgitations sont la plupart du temps indolores et sans conséquence.

Toutefois il sera important de consulter un médecin dans les cas suivants :

• Si les régurgitations sont très fréquentes

Dans ce cas, il sera peut-être nécessaire de donner un lait adapté, ou d’utiliser un épaississant, afin d’assurer un apport nutritionnel suffisant à votre enfant.

• Si les régurgitations surviennent à distance du repas ou si votre bébé semble avoir mal.

Une évaluation médicale devra alors les différencier du reflux gastro-oesophagien (RGO) pour lequel la prise en charge ne sera pas la même.

• Si votre bébé a du mal à prendre du poids

Il sera important alors d’évaluer les apports de votre bébé en lien avec ses régurgitations.

Quels que soient les symptômes il faut toujours garder à l’esprit que vous, parents, êtes les plus à même de juger du confort ou de l’inconfort de votre bébé. Il ne faudra donc jamais hésiter à consulter si vous sentez que votre bébé a besoin d’aide.

De même, il peut être difficile de se sentir impuissant face aux pleurs de son bébé. Ne restez jamais seuls face à vos doutes et questionnements. Il sera toujours préférable de consulter pour rien que de rester inquiet et démuni face à votre bébé.

Vous pouvez également retrouver de nombreux conseils pour gérer ces troubles du transit dans l’article « Troubles digestifs, comment réagir ? ».