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Comment bien démarrer son allaitement ?

Morgane Berthelot

24.02.2023

Vous avez fait le choix d’allaiter votre enfant, ou peut être hésitez-vous encore à vous lancer dans cette aventure ? Vous vous posez sans doute tout un tas de questions, nous allons tenter de répondre à quelques-unes d’entre elles !

Doit-on préparer ses seins à l’allaitement ?

Allaiter, est-ce que ça fait mal ?

Les crevasses : qu’est-ce que c’est ? En a-t-on forcement en début d’allaitement ? Comment les éviter ?

Qu’est-ce que la montée de lait ? Comment cela se passe-t-il ?

Dois-je acheter du matériel ?

Doit-on préparer ses seins à l’allaitement ?

Cette question revient souvent dans la bouche des mamans qui s’apprêtent à allaiter !

Culturellement, on retrouve en fonction des régions du monde diverses préparations des seins des femmes s’apprêtant à allaiter : Massages plus ou moins forts pour modeler le sein, préparation des mamelons dans le but de les faire ressortir ou de les rendre plus résistants, technique qui vise à endurcir le mamelon en le frottant avec une brosse à dent, on ne compte plus les remèdes de grand-mère. Retenez néanmoins qu’aucune de ces préparations n’a fait la preuve de son efficacité. Aucune préparation anténatale des mamelons n’a jamais remplacé une position optimale du bébé au sein laquelle est le meilleur moyen d’éviter des crevasses. Actuellement les spécialistes de l’allaitement s’accordent sur le fait qu’aucune préparation des seins n’est donc nécessaire pour allaiter.

Positionner son nouveau-né au sein quand on n’a pas vu allaiter soi-même, peut être impressionnant sans compter la richesse du rythme de tétée nécessaire à l’installation de la lactation. A ce titre, il est plus que recommandé de se renseigner au préalable. D’ailleurs en France, la Sécurité Sociale rembourse des consultations de préparation à l’allaitement avec une sage-femme ou un gynécologue.

 

Certaines mères souhaitent aller encore plus loin et augmenter encore leurs chances de réussir leur allaitement et elles se rapprochent également d’une consultante en lactation IBCLC ou d’un groupe de parole de mamans allaitantes.

N’hésitez pas aussi à lire des livres ou à écouter des podcasts sur le sujet.

Allaiter, est-ce que ça fait mal ?

Certaines mamans vous diront que oui allaiter fait mal, d’autres au contraire n’ont expérimenté que du plaisir de partager ce moment avec leur enfant. Difficile donc de s’y retrouver.

S’il faut retenir une chose, c’est qu’en dehors d’une sensibilité du mamelon les premiers jours, un allaitement n’est jamais censé faire mal.

Une douleur persistante est souvent le signe que quelque chose ne va pas. Le plus souvent il s’agit d’une mauvaise position du bébé au sein qui va générer irritations et crevasses, mais cela peut également venir de tensions crânio-cervicales qui empêchent le bébé d’ouvrir grand la bouche et de mobiliser sa langue, d’une pathologie qu’on appelle ankyloglossie (frein de langue serré), d’une infection bactérienne, d’une mycose du mamelon, d’un vasospasme, d’un engorgement, etc.

Si jamais les douleurs sont fortes, persistent toute la tétée et/ou sont encore présentes après les 3-4 premiers jours, prenez rendez-vous d’urgence avec votre sage-femme ou avec un autre spécialiste tel qu’une consultante IBCLC qui vous proposeront la meilleure prise en charge. Ainsi les douleurs disparaîtront et vous pourrez poursuivre votre allaitement dans les meilleures conditions. Dans certains cas de figure, dans la perspective de protéger votre projet d’allaitement, il pourra être pertinent de mettre vos mamelons au repos de la succion de votre bébé pendant quelques temps et donc de tirer votre lait en parallèle. Cela aura pour conséquence de maintenir votre lactation, de vous éviter la complication d’un engorgement inutile, de passer quelques heures / jours sans appréhender la prochaine tétée et de vous donner une respiration fort attendue.

Les crevasses : qu’est-ce que c’est ? En a-t-on forcement en début d’allaitement ? Comment les éviter ?

La crevasse est une lésion plus ou moins profonde du mamelon liée à une irritation de celui-ci par une mauvaise position de l’enfant au sein ou un mauvais placement de la langue ou de la bouche de l’enfant lors de la prise du sein (ce qui va gêner sa succion), voire les 2 associés.

C’est un peu comme lorsque vous portez des chaussures non adaptées : au début vous ressentez une gêne puis une douleur, une rougeur et un gonflement finalement apparaissent. Si vous continuez à porter vos chaussures, une ampoule va se former (ce qu’on appelle médicalement une phlyctène) et si vous persistez à mettre vos chaussures, cette ampoule va finir par se percer et saigner. Il se passe exactement la même chose au niveau de vos mamelons lors de la formation d’une crevasse : une mauvaise prise du sein ou une mauvaise succion va entraîner un frottement sur une partie du mamelon, la peau va d’abord rougir et gonfler légèrement : vous ressentez une gêne voire une douleur au cours de la tétée et quelque fois même après. Il est déjà temps d’agir ! Si la cause n’est pas corrigée, une bulle va se former sur la zone irritée et rapidement se percer ce qui va laisser une plaie douloureuse, pouvant saigner, sur le mamelon. A ce propos pas de panique, votre lait est toujours consommable même s’il y a des chances que votre bébé le recrache car il n’en aimera pas le goût. Les crevasses peuvent aussi prendre la forme de fissures rouges le plus souvent sur le côté du bout de sein.

Pour éviter les crevasses, la première chose à faire est de se faire accompagner pour la mise au sein dès le début de l’allaitement. Profitez de vote séjour à la maternité pour faire vérifier la position de votre enfant au sein et la bonne prise du sein.

On utilise traditionnellement de la lanoline pour hydrater la peau entre les tétées. Elle s’applique en très fine couche sur le mamelon après chaque tétée et ne requiert ni essuyage ni rinçage avant la tétée suivante. Notez que la lanoline ne soigne pas, mais hydrate la peau.

Une fois que les crevasses sont là, il faut permettre une bonne cicatrisation de la peau. Continuez à appliquer de la crème (afin d’éviter que la plaie ne colle au soutien-gorge) et/ou étaler une goutte de lait sur le mamelon après chaque tétée. Certains recommandent d’appliquer une pommade à base de miel stérilisé. Si le contact avec les vêtements est trop désagréable vous pouvez laisser les seins à l’air ou utiliser des coquillages d’allaitement / coques en cire d’abeille / protège mamelons en argent.

N’hésitez pas à faire des pansements de lait maternel, car votre lait est très cicatrisant. Pour cela, imbibez des compresses de votre lait, placez les compresses sur le mamelon et recouvrez de film alimentaire. Notez qu’elles doivent être changées toutes les 30  60 minutes pour éviter une surprolifération de bactéries.

Faites attention également à ne pas tirer sur le mamelon pour retirer votre bébé du sein. La meilleure méthode pour le retirer le sein de sa bouche sans risquer la crevasse est de passer votre petit doigt à la commissure des lèvres de votre bébé et de faire levier entre les gencives pour enlever l’aspiration et retirer le mamelon sans soucis ni douleur.

Qu’est-ce que la montée de lait ? Comment cela se passe-t-il ?

Vers le 3ème jour après la naissance de votre enfant arrive la montée de lait. Il s’agit du passage du Colostrum (le premier lait très riche et très concentré) au lait de transition, plus riche en eau et donc plus abondant. Cette période s’accompagne parfois d’un important gonflement des seins qui peut être douloureux si l’on a pas respecté la physiologie. En effet, un engorgement est lié à un épisode de congestion qui est parfaitement évitable si on prend soin d’offrir le sein a minima douze fois par jour au 2ème jour de la vie du nouveau-né. On a tendance à croire qu’un rythme de tétées aussi intense est exagéré or il respecte strictement la physiologie.

Tout comme les crevasses, il est bon de rappeler que les douleurs d’engorgement évoquent une gestion maladroite de l’allaitement.

Si vous êtes confrontées à un épisode douloureux, vous pouvez appliquer du chaud ou du froid selon ce qui vous apporte le meilleur confort. Augmentez la fréquence des tétées afin qu’il draine vos seins le plus possible.

Si malgré les tétées vos seins sont toujours très tendus et douloureux, vous pouvez masser vos seins sous la douche afin que le surplus de lait s’évacue voire utiliser un tire-lait. On craint souvent que cela ne surstimule la lactation or à cette période, vos seins sont loin d’avoir atteint leur maximum de production.

Evitez de porter des soutien-gorge trop serrés et ne comprimez pas vos seins dans des bandages comme cela a pu être conseillé à une certaine époque, cela risque d’aggraver le problème.

Dois-je acheter du matériel ?

Pour allaiter aucun matériel n’est indispensable même si les marques spécialisées essaient de vous faire acheter tout un tas d’accessoires les plus variés.

Cela vaut pour les soutien-gorge d’allaitement notamment. Commencez par n’en acheter que 2 ou 3 et vous évaluerez quelle taille est la plus confortable pour vous au fil des jours.

Des coussinets d’allaitement (jetables ou lavables) peuvent être utiles si jamais vos seins coulent en dehors des tétées.

Inutile d’acheter un tire-lait à l’avance, vous n’en aurez peut-être pas l’utilité et votre sage-femme pourra vous faire une ordonnance si besoin (la location d’un tire-lait électrique est prise en charge à 100% par la Sécurité Sociale).

Pour ce qui est des coquilles protèges mamelons ou coupelles d’allaitement (réceptacles à placer dans le soutien-gorge afin d’éviter le contact entre les mamelons et le tissu en cas de mamelon irrité et permettant aussi de recueillir les écoulements de lait), elles sont très peu utilisées en pratique et peuvent favoriser les engorgements.

Les bouts de seins en silicone ne seront utilisés qu’après avis de la sage-femme, de la puéricultrice ou de la consultante en lactation IBCLC, inutile donc de les mettre dans votre trousse de maternité.

L’expérience a montré que quelques échantillons de lanoline suffisent pour tout l’allaitement, inutile donc d’acheter un grand tube.

 

Les 3 premières semaines d’un allaitement ne sont pas les plus évidentes ! Il faut s’habituer au rythme de bébé, s’habituer à bien le positionner, gérer les éventuels petits tracas du démarrage… Mais accrochez-vous et vous verrez qu’ensuite, ce n’est que du bonheur !

 

Liste des associations pour l’allaitement maternel :

 

Podcast :

Nuage de lait, des témoignages de mamans allaitantes.

Certains épisodes de Bliss Stories et de la Matrescence

Article édité par Carole Hervé – Consultante en lactation IBCLC

 

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