Les troubles digestifs de l’enfant, comment réagir ?

Concernant les troubles digestifs, l’essentiel est de pouvoir faire la part des choses entre une situation normale et les critères de gravité. Certaines situations nécessiteront une prise en charge médicale (cf Troubles digestifs, quand s’inquiéter ?).
Mais dans la grande majorité des cas il existe des moyens de soulager votre bébé et de l’aider à passer ces moments délicats.

La constipation

Elle consiste en une diminution de la fréquence des selles, associée à une émission difficile de celles-ci.

Tous les bébés ont un transit qui leur est propre, avec une fréquence de selle habituelle. Vous êtes donc les mieux placés pour évaluer la modification du transit de votre enfant.

En outre, il n’est pas rare que le transit de bébé soit perturbé par des événements :

• Une modification dans son alimentation : changement de lait par exemple
• Le début de la diversification
• Une hydratation insuffisante
• Un changement dans le cadre de vie
• La prise de médicaments

Si vous constatez que les selles sont moins fréquentes, plus dures et plus compactes, plusieurs possibilités s’offrent à vous pour aider votre bébé. La liste est un peu longue mais vous pourrez ainsi très certainement trouver une solution utile à votre enfant.

• Pour l’enfant (comme pour l’adulte) l’exercice physique favorise la mobilité intestinale. Profitez du moment du change pour mobiliser ses jambes, en faisant des petits mouvements de pédalage. Vous pouvez également les replier et exercer de légères pressions sur l’abdomen avec ses genoux.
• Si votre bébé est allaité, mettez-le au sein aussi souvent que nécessaire pour augmenter son apport hydrique. En outre les fibres présentes dans le lait favorisent le déplacement des selles dans les intestins.
• Proposez régulièrement de l’eau à votre bébé, à partir de la diversification. Pas d’eau durant l’allaitement exclusif. Facteur de risque de l’echec de l’allaitement maternel.
• Si vous avez commencé la diversification, veillez à ce que votre bébé ait un apport en fibres adapté à son âge.
• Les massages peuvent aider à stimuler le transit :

o Mouvements circulaires sur l’abdomen. Massez toujours l’abdomen dans le sens des aiguilles d’une montre (sens de circulation des selles dans les intestins) en appuyant suffisamment pour mobiliser et stimuler le transit.

o Petits mouvements de moulin à eau du haut vers le bas

o Certains points de réflexologie plantaire peuvent également être utiles.

N’hésitez pas à demander conseil auprès de professionnels (infirmières puéricultrices, sage-femmes, kiné, animatrices en atelier massage…) qui pourront vous accompagner dans la réalisation de ces mouvements de massage.

• Dans tous les cas, n’utilisez jamais de suppositoires sans avis médical.

La diarrhée

Tout comme pour la constipation vous serez les premiers à pouvoir juger d’une accélération du transit de votre bébé. La consistance, l’apparence et la fréquence des selles vont également évoluer avec l’âge et le régime alimentaire.

Pour réagir efficacement face à la diarrhée de votre enfant, plusieurs cas de figure sont à différencier :

• Votre bébé est allaité

Les selles d’un bébé allaité sont très caractéristiques : molles voire liquides, jaunes d’or. Durant ses premières semaines de vie, le bébé allaité peut avoir jusqu’à 10 selles/ jour.

Après 5 à 6 semaines, celles-ci peuvent se raréfier. Cela s’explique par le fait que l’organisme du bébé absorbe tous les nutriments du lait, laissant alors très peu de déchets (= selles).

L’odeur des selles d’un bébé allaité est aussi assez caractéristique.

Un changement de couleur ou d’odeur sera donc un bon indicateur d’un souci digestif.

• Votre bébé est nourri au biberon

Les selles sont plus moulées. Il sera alors plus évident d’observer une diarrhée.

• Votre bébé a commencé la diversification alimentaire

Les selles sont moulées avec une couleur dépendant des aliments ingérés.

La conduite à tenir, dépendra de la situation :

• La diarrhée est passagère

Une diarrhée peut apparaitre lors des poussées dentaires ou otites par exemple. Dans ce cas, la diarrhée sera souvent de courte durée (<24h).

Pendant ce temps, il suffira en général de :

o Surveiller l’apport hydrique de votre bébé

o Surveiller l’état et protéger la peau du siège de votre bébé

Les selles peuvent en effet être acides et abimer très rapidement les fesses de bébé.

• Vous constatez une diarrhée de plus de 24h

Surveillez alors l’état général de votre bébé (comportement, hydratation) et consultez au moindre doute ou si votre bébé a moins de 3 mois.

• Dans tous les cas, vous pouvez adapter l’alimentation de votre enfant selon ces quelques conseils simples :

o Éviter les aliments riches en fibres (légumes, fruits) ainsi les graisses cuites (fritures)

o Proposez-lui des aliments ayant des propriétés anti-diarrhéïques reconnues : purée de carottes, de pommes de terre, riz bien cuit, certains fruits (banane, pomme), compotes de fruits (pomme, pomme-banane, pomme-coing).

• Enfin, si votre bébé souffre de maux de ventre, essayez de le soulager ainsi :

o Portez-le en appui ventral : sur votre avant-bras, sur votre torse…

o Maintenez son ventre au chaud : petite bouillotte tiède par exemple

o Gardez-le en portage physiologique autant que possible.

Les ballonnements

Les ballonnements sont provoqués par une accumulation de gaz dans l’estomac et les intestins, responsable de douleurs.

La prise en charge des ballonnements peut se faire à 2 niveaux : les éviter et le soulager.

Comment éviter l’apparition des ballonnements ?

• Si votre bébé souffre régulièrement de ballonnements, commencez par noter les moments au cours desquels il semble en souffrir. Cela permettra peut-être de faire la lumière sur ce qui les provoque.
• En cas d’allaitement, sachez que votre bébé peut être sensible à votre alimentation. Certains aliments sont irritants pour la muqueuse intestinale (choux, légumineuses, poireaux, oignons). Analysez attentivement vos menus pour identifier les aliments que votre bébé semble ne pas supporter. Et laissez-les de côté le temps que votre bébé arrive à mieux les digérer !
• Au moment de la diversification le même processus sera peut-être nécessaire.
• Si votre bébé est nourri au biberon, assurez-vous qu’il ne boive pas trop d’air. Certains biberons dits « anti-coliques » peuvent limiter le passage d’air. Pensez également au rot à la fin du biberon.
• Bien que cela soit moins fréquent, certains bébés allaités peuvent eux aussi avaler de l’air. Encouragez-le à prendre le mamelon correctement et à téter sans précipitation.
• Enfin, il faut savoir que les pleurs prolongés exacerbent les ballonnements. Pour éviter le cercle vicieux il est donc important de calmer votre bébé autant que possible.
• Même avec ces précieux conseils les ballonnements pourront malgré tout faire partie du quotidien de votre bébé.

Alors, comment soulager les ballonnements ?

• Certains bébés seront soulagés par un appui sur leur ventre : position en « koala » sur votre avant-bras ou encore abdomen contre votre épaule. Vous pouvez aussi proposer des petits temps de jeu sur le ventre lorsque votre bébé est sur son tapis.
• Les massages doux.

Il existe plusieurs manières de masser l’abdomen. En effectuant des cercles, dans le sens des aiguilles d’une montre. En tapotant délicatement avec vos doigts pour mobiliser l’air dans les anses intestinales. Vous pouvez aussi replier délicatement les jambes sur le ventre et les tourner, là aussi dans le sens des aiguilles d’une montre.

Comme nous l’avons évoqué pour la constipation, n’hésitez pas à vous faire accompagner pour apprendre les massages qui soulagent les maux de bébé.

• Le portage physiologique associe repli des jambes, appui sur le ventre et, non négligeable, un contact permanent et rassurant avec vous. Il vous permet également de prendre l’air, solution plus que nécessaire pour vous et votre bébé en ces moments délicats.
• La chaleur sur le ventre peut également soulager : bouillote tiède, bain chaud, calin en appui ventral…
• Certaines boissons à base de plantes peuvent calmer les ballonnements. N’hésitez pas à demander conseil auprès de votre médecin, infirmière puéricultrice ou sage-femme.

Les régurgitations

Les régurgitations consistent en une remontée de lait, après la tétée ou le biberon, en lien avec une immaturité du clapet inférieur de l’œsophage laissant passer le lait lorsque l’estomac est plein.

Concrètement il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire pour éviter ce phénomène dû à une immaturité physique.

La conduite à tenir sera donc plutôt une adaptation de vos gestes, tenant compte de cette réalité, pour éviter d’exacerber le reflux :

• Donnez le biberon à votre bébé en position quasi-assise
• Limitez la vitesse de prise du biberon pour éviter un remplissage trop rapide de l’estomac et donc le risque de « débordement ».
• Si vous allaitez votre bébé il pourra être intéressant d’évaluer si les aliments que vous consommez ont une incidence sur les régurgitations. Certains bébés seront en effet plus sensibles à certains aliments. Dans ce cas l’idéal sera d’éviter ces aliments le temps que les régurgitations se calment.
• Faire faire un rot en fin de tétée ou de biberon
• Ne pas allonger votre bébé dans la demi-heure suivant le biberon ou la tétée. On profite donc d’un bon câlin !
• Eviter les vêtements appuyant sur l’abdomen de votre bébé.
• Le portage sera là encore le bienvenu pour maintenir bébé dans une position verticale tout en vous permettant de vaquer à vos occupations.

Enfin un avis médical permettra d’évaluer le besoin d’un lait épaissi ou d’un traitement particulier.

Les troubles du transit peuvent donc être soulagés par des petits gestes faciles à mettre en place. Toutefois il sera important de consulter si les troubles s’intensifient, si votre bébé semble moins bien les tolérer ou si vous-même avez du mal à l’accompagner sereinement dans ces moments parfois difficiles.

Pour en savoir plus sur ces désordres, nous vous invitons à consulter les articles suivants :

→ Troubles digestifs : quand s’inquiéter ? Emmanuelle, IDE puéricultrice – Eveil & Conseil.

→ Les causes d’un mauvais transit intestinal chez l’enfant – Emmanuelle, IDE puéricultrice – Eveil & Conseil